Si le syndrome d’épuisement ou burnout professionnel fait beaucoup parler de lui grâce aux nombreux articles et ouvrages dont il fait l’objet, l’épuisement des mères ou burnout maternel reste un sujet difficile à aborder, tant être mère de famille et s’occuper de ses enfants est le plus souvent perçu comme quelque chose de « normal » et d’épanouissant pour une femme. Phénomène réel, le burnout maternel touche aujourd’hui de plus en plus de mères, submergées par un sentiment d’épuisement physique, émotionnel et psychiquel dont elles ne parviennent pas à se remettre.
Le burnout maternel ne doit pas être confondu avec le baby-blues qui peut survenir peu de temps après l’accouchement et qui ne dure que quelques jours.
Comme dans le travail, le burnout maternel se caractérise par un état d’épuisement à la fois émotionnel, physique et psychique.
Dans une interview donnée au
magazine Parents, Sylvianne Giampino, psychologue et spécialiste de la parentalité propose cette définition :
« On parle d’épuisement maternel quand les mères ont le sentiment qu’il n’y a plus de coupure entre elles et les contraintes du quotidien. Même si elles investissent la maternité, elles se sentent sous pression du matin jusqu’au soir et ne parviennent plus à récupérer. »
Comment se manifeste le burnout maternel ?Le burnout maternel progresse de façon progressive et insidieuse. Burn-out signifie « brûlure ou incendie interne », c’est un mal qui consume. Guérir d’un burnout, qu’il soit maternel, parental, ou professionnel, nécessite un long travail de reconstruction. Mieux vaut en reconnaître les signes avant-coureurs et les facteurs déclencheurs pour s’en préserver.
1 - Premier signe d’alerte : la fatigue Cela commence par une grande fatigue : difficulté à se lever le matin et sensation d’être toujours fatiguée et rapidement débordée. Ces symptômes sont rarement pris en compte par la maman qui se dit : « ça va passer » dès que bébé fera ses nuits, dès qu’il ira à la crèche ou à l’école, dès que l’enfant grandira…
2 – L’épuisement émotionnelLes responsabilités quotidiennes et le stress ont usé le capital énergie physique et émotionnel de la maman qui se sent littéralement « vidée ». L’état de fatigue s’intensifie et s’installe, le stress l’envahit. Dès le réveil, le simple fait de penser à ce qui l’attend dans la journée la décourage. De moins en moins motivée, elle continue à assumer ses tâches quotidiennes, en ayant l’impression d’être submergée par une montagne de corvées à gravir qui s’élève devant elle. Crises de pleurs, d’angoisses, elle peut s’écrouler à tout moment.
3- La distanciationPour économiser le peu d’énergie restante, la mère se distance émotionnellement des situations de stress qui l’entourent. Elle se détache de son ou ses enfants, de son mari, de son quotidien pour moins souffrir. Les gestes de soins aux enfants deviennent mécaniques, dénués d’empathie. Elle devient complètement étrangère à elle-même. Un mécanisme de protection qui n’est pas toujours conscient, et qui lui permet de se « robotiser » pour continuer à assurer mécaniquement les obligations quotidiennes en faisant une croix totale sur l’investissement émotionnel.
4 – L’hyperactivitéConfrontée au fait que la maternité est un peu plus compliquée que ce qu’elle avait imaginé, désorientée face aux difficultés qu’elle n’est pas forcément préparée à assumer, la mère rejette l’idée de ne pas y arriver. Plus son état de fatigue s’intensifie et plus elle redouble d’efforts, repoussant dangereusement les limites de ce qu’elle peut assumer. Elle devient de plus en plus exigeante avec elle-même, a le sentiment de manquer de temps en permanence. Au point parfois de sauter des repas, de ne jamais se poser, ni s’octroyer aucun plaisir.
5 – La dévalorisationLa mère prend conscience du fossé qui se creuse entre la vision idyllique de la maternité et ce qu’elle est en train de vivre. Un désenchantement d’autant moins facile à accepter, que la pression sociale qui pèse encore aujourd’hui sur les femmes et sur la maternité est forte. Son image de la mère parfaite se fissure, et c’est un sentiment d’échec personnel, de perte de confiance en soi et de colère qui prend le dessus. Elle est dans l’autocritique, se dénigre et se dévalue. Cela peut provoquer des crises de colère et des comportements agressifs envers les enfants. L’estime personnelle est mise à mal, la maman peut penser qu’elle ne vaut rien, qu’elle n’est plus capable d’y arriver ni dans son foyer, ni à l’extérieur.
6 – La culpabilité La sensation de ne pas être à la hauteur pour réussir à la perfection sur tous les paramètres de sa vie de famille, suscite culpabilité et tristesse. Elle est convaincue de ne pas être une « bonne-mère » pour son ou ses enfants. Cela peut se traduire par des comportements d’évitement : assaillie par la fatigue, la maman évite le contact, se replie sur elle-même et s’isole.
7 - L’irritabilitéÉpuisée la mère fait preuve d’impatience : à bouts de nerfs, tout l’agace. Elle ne supporte plus les cris des enfants, et développe une intolérance pour la gestion des chamailleries et des conflits au sein de la famille. Elle peut se surprendre à ne plus savoir s’exprimer autrement qu’en criant, se montrer brutale verbalement ou physiquement, et être tentée de consommer des substances à risques de dépendance.
8 - Les troublesLe burnout maternel peut se manifester par des troubles du sommeil, de l’humeur, de l’alimentation ; des prises de poids ou amaigrissements rapides ; d’importantes pertes de mémoire ; une absence de libido. Mais aussi des souffrances physiques : douleurs au niveau du thorax, oppressions dans la poitrine, gorge et plexus noués, tensions dans la nuque et les épaules, maux de tête ou de dos, vertiges, nausées, démangeaisons…
9 - L’envie de fuirTotalement épuisée, la maman peut avoir envie de partir très loin : loin de la maison, loin des enfants, loin des cris. De ne plus avoir de responsabilités, ni aucune pression. Cela peut aller jusqu'à des pensées suicidaires.
10 – Labilité émotionnelleEn plein burnout parental, la mère peut osciller entre des sentiments d’amour fou, d’abnégation totale pour sa famille, et de rejet. Passer rapidement du rire aux larmes, de la tranquillité à la colère. Elle a la sensation que ses efforts ne sont pas reconnus, se sent victime d’injustice, d’incompréhension. Par moments elle perçoit son ou ses enfants comme des petits tyrans, et peut passer de l’amour à la haine en quelques secondes, le gifler ou lui hurler dessus. L’instabilité des manifestations émotionnelles est un signal qui doit alerter.